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Si « tout est pour le plus grand bien », pourquoi souffrons-nous ?

MessagePosté: Mar 2 Juin 2009 19:35
de julien
Pour beaucoup, accepter la réalité telle qu'elle est, sans jugement, avec à l 'esprit l'harmonie cosmique qui dirige tout, revient à abandonner les enfants Somaliens, à nier leurs souffrances.
Ainsi leurs « grands cœurs » les poussent à refuser un lâcher-prise prétextant un trop grand amour des autres !

C'est très ironique comme situation; leurs égos leurs jouent des tours de manière à les retarder dans leur cheminement en utilisant leur empathie.

C'est notre Ignorance qui nous cache le fait que chaque vie, chaque acte, est une note parfaite d'une gigantesque partition en partie écrite et en partie improvisée selon les actes des êtres. Cette partition représente le chant de l'évolution, l'hymne de la vie, et c'est à nous d'apprendre à l'écouter plutôt que de se refermer prétextant des fausses notes selon nos oreilles bouchées !

C'est aussi notre Ignorance qui nous permet de croire qu'à notre niveau on peut savoir ce qui est bien ou mieux pour les autres, et d'enlever ainsi un certain degré de libre-choix en agissant « pour leur bien ». Attention : « l'enfer est pavé de bonnes intentions »...

C'est encore et toujours notre Ignorance qui fait passer dans la moulinette du mental les expériences qu'on vit, directement ou indirectement ( vu à la télé ... ), pour en sortir de grands concepts ou théories pour sauver le monde, alors que le mental seul ne pourra jamais résoudre définitivement quoi que ce soit.

Revenons-en maintenant à la question, qui revient à demander quel est le sens de la souffrance. Cette question amène plusieurs réponses possibles :
Karmiquement parlant, on peut dire que lorsque des actes « négatifs » ont porté avec le temps leurs fruits à maturités, et que les conditions pour se confronter à eux sont réunies, ils « germent » dans la vie concrète de l'être sans être gênés par la barrière fictive des morts et des renaissances. Ainsi un enfant de deux ans qui meurt de faim en Afrique épure certainement beaucoup de karma durant sa lente agonie ... Cela n'est pas juste pour rien car un karma qui germe dans la vie meurt sur le plan subtil, ainsi on nettoie notre couche karmique de manière à alleger notre fardeau.

Toujours sur le plan karmique, mais sur un niveau plus profond, le karma n'est qu'un conteur nous permettant de « savoir où on en est » en fonction de ce qu'on a déjà vécu dans cette vie ainsi que dans toutes les autres, et de ce que l'on s'est proposé d'intégrer, d'apprendre, dans cette vie. Ce qui peut paraitre injuste n'est qu'un moyen de tendre vers l'éveil. Un être peut très bien choisir de souffrir intensément en s'incarnant dans une vie qui lui fera vivre de grandes souffrances pour pouvoir ensuite renaître dans des conditions favorisant son éveil ...
Les hindous croient qu'il existe un plan d'existence pour les devas, sorte de demi-dieu vivant dans l'opulence,  ne faisant que des expériences jouissives pendant mille ans sur une « terre » belle et féconde où tous leurs souhaits se réalisent, bref que du bonheur à première vue car ils sont comblé de tous les bienfaits, et il n'y a bien sûr pas de souffrance ...
Oui mais il est dit aussi que l'incarnation terrestre est bien plus précieuse que celle du deva pour sa capacité d'éveil. Il est clair qu'un deva a de très très fortes chances d'oublier ou refouler tout besoin ou envie de travail spirituel au milieu de ce paradis où rien ne le pousse à se remettre en question.

Au contraire la vie humaine permet un plus grand panel d'expériences. C'est le terrain de prédilection pour faire germer le doute, le besoin de trouver une voie pour faire cesser l'insatisfaction.
Bouddha dit que la vie est souffrance, que cela permet de vouloir cesser cette souffrance, ce qui nous amène à en chercher les causes, pour finir par arrêter toute souffrance en se libérant du cycle d'incarnations grâce à l'éveil spirituel.

Ce qui nous fait refuser la souffrance, y voir une injustice qui ne peut que prouver l'inexistence d'un plan plus vaste, d'un dieu, ou de toute notion proche d'un « plus grand bien », est l'immense force d'inertie qui nous habite, qui nous fait préférer l'actuel bonheur approximatif ou supporter plus ou moins le malheur plutôt que d'avoir la force de faire une recherche approfondie en nous-même pour y découvrir entre-autre que nous sommes les seuls fautifs de tout ce que nous vivons.

On voit donc que la souffrance n'est pas ce qu'on croit. Mais alors comment gérer le sentiment irrépressible dans l'état actuel des consciences qui nous pousse à réagir ?

Le fait de voir avec équanimité, sans haine ni colère, la souffrance en soi et celle des autres n'empêche absolument pas d'agir. Rayonner d'amour/Compassion résout bien mieux les problèmes qu'envenimer une situation en s'énervant.

Le salut comme la paix intérieure ne peuvent exister qu'en agissant par Amour/Compassion de manière neutre, pas en réagissant sous l'emprise d'énergie basses comme la colère, l'indignation, le mépris ...

Aucune solution miracle aux problèmes du monde et des hommes, juste essayer d'être plein d'amour à chaque instant pour agir réellement selon l'instant et non selon des théories mentalisées la veille autour d'une table. Passer une soirée à discuter du mauvais service qu'on rend aux mendiants en leur donnant l'aumône ne doit pas empêcher de secourir un être croisé le lendemain qui meurt de faim, si le coeur le demande ... Même si c'est plus par sentimentalité que par Compassion, c'est préférable à l'inaction froide dirigée par le mental.

Expérimenter ceci au jour le jour nous aide à faire le chemin de la tête au cœur, qui nous facilitera la vie grâce à l'intuition.

Un point Complexe au sujet de la souffrance d'autrui est celui des organismes humanitaires.
Dans l'intention, donner de l'argent ou du temps à ces organismes est bénéfique pour nous-même si l'intention est profondément d'aider l'autre.
Pour ce qui est d'aider vraiment l'autre, c'est une expérience enrichissante de se débattre avec cette notion : comment savoir si nos bonnes intentions actuelles ne créerons pas leur enfer de demain ? Évidemment pas de réponse toute faite mais un gros fatras de nœuds à démêler, certains avec la tête et d'autres avec le cœur ...

La souffrance est comme un robinet ouvert qui nous coule dessus. Pour arrêter la souffrance il faut fermer le robinet, mais il n'est accessible que depuis le plan spirituel et inonde tout les plans inférieurs. Ainsi l'arrêt des souffrances correspond à un éveil suffisamment puissant pour fermer ce robinet.

Ceci dit, heureusement qu'en parallèle à ce travail de longue haleine que chacun doit faire soi-même, il existe beaucoup d'êtres qui « épongent les dégâts » via des actions humanitaires sur le plan matériel.
Donnons autant que nous pouvons en actions humanitaires, sans oublier que notre voisin fait aussi partie de cette humanité ...